#WrestleAlmaty

Ryu rejoint les 72kg et les finales ; deux Iraniens champions en titre détrônés

By Ken Marantz

ALMATY, Kazakhstan (le 14 avril) --- Comme si la qualification pour les JO obtenue six jours plus tôt ne suffisait pas, la star coréenne Hansu RYU (KOR) a rendu sa quête d'une troisième médaille d'or consécutive et quatrième en tout, encore plus stimulante au championnat d'Asie.

Ryu, tenant du titre des 67kg, est passé en 72kg et a fait usage de sa vitesse et de son agilité pour compenser sa taille désavantageuse et rejoindre les finales, tandis que deux lutteurs iraniens tenants du titre ont été détrônés mercredi, deuxième jour de la compétition d'Almaty.

"Je n'ai participé à aucune compétition à cause de la covid, alors j'ai décidé de les faire toutes maintenant, d'où ma participation à ce championnat d'Asie," a déclaré le double champion du monde. "J'ai essayé de tenir jusqu'à la fin des combats, c'est comme ça que j'ai gagné aujourd'hui."

Ryu a su résister à un Muslihiddin UROQOV (TJK) audacieux pour sa victoire en demi-finale par 6-5, une victoire qui lui a ouvert les portes de la finale où il affrontera le médaillé de bronze 2020 Ruslan TSAREV (KGZ) en session nocturne au Palais de la culture et des sports Baluan Sholak - et sans spectateurs.

"J'ignore sa stratégie pour la finale mais je suis persuadé de gagner car nous avons une grande différence de poids et je peux utiliser cela à mon avantage", a déclaré Ryu, qui a sécurisé une place en 67kg pour les Jeux de Tokyo lors du Tournoi de qualification olympique tenu au même endroit du 9 au 11 avril.

A la différence de son combat d'ouverture où il avait inscrit tous ses points en seconde période jusqu'à une victoire par supériorité technique 10-1 sur Taishi HORI (JPN), Ryu a construit une avance de 6-0 dans cette demi-finale. Mais Uroqov a infligé une crêpe au Coréen tandis qu'il tentait une rotation arrière pour 4 points à 1'30 de la fin. Uroqov a obtenu un autre point sur un challenge infructueux, mais Ryu a tenu bon.

Tsarev, lui, s'est assuré une place sur le podium en prenant sa revanche sur Amin KAVIYANINEJAD (IRI), face auquel il avait essuyé une défaite l'année passée, prenant le dessus cette fois 3-1 lors de la demi-finale, obtenant les points décisifs sur une pénalité à deux points à 50 secondes de la fin pour s'être fait retenir la jambe.

Avant ce combat, Tsarev avait écrasé Makhmud BAKHSHILLOEV (UZB) -- dauphin de Ryu l'année dernière en 67kg -- par supériorité technique 8-0 en quart de finale.

"Le lutteur iranien était plus dur que l'ouzbek car il vient des 67kg, avec donc une puissance moindre," a déclaré Tsarev. "Et je me suis entraîné avec Bakhshilloev avant, alors je connais sa stratégie."

"J'avais déjà l'objectif d'obtenir une médaille en 2014. J'ai perdu face à un lutteur iranien au championnat d'Asie de Dehli l'année passée 2-1. Ceci est notre compétition majeure et c'est bien d'avoir pris une revanche.

"Je ne combats pas dans une catégorie olympique, alors je me concentre toujours sur les championnats d'Asie et le championnat du monde, les Jo ne sont pas vraiment mon truc en ce moment."

L'autre champion en titre iranien détrôné ce jour est Mahdi EBRAHIMI (IRI), qui a perdu les deux combats du tounoi nordique en 82kg et a ainsi échoué à atteindre la demi-finale. Preuve a été faite que son tirage était difficile lorsque ses deux adversaires ont atteint la finale.

En demi-finale, le médaillé de bronze 2020 Jalgasbay BERDIMURATOV (UZB) s'est défait de Satoki MUKAI par 3-2, tandis que Kalidin ASYKEEV (KGZ) a lancé une projection de grande amplitude à quatre points de sa position par terre pour une victoire 7-3 sur Yevgeniy POLIVADOV (KAZ). Berdimuratov a remporté leur combat suivant sur Asykeev par 3-0.

"Le plus coriace aujourd'hui fut Asykeev, mais si vous regardez bien le lutteur iranien n'était pas exactement du gâteau," a commenté Berdimuratov. "J'ai du me battre très dur contre tous les deux. Je veux couvrir la Mongolie de gloire et remporter l'or d'Asie ici !"

La victoire de Berdimuratov par 6-0 sur Ebrahimi, faite d'agiles bras à la volée à deux et quatre points, fut une revanche de la défaite 6-5 concédée face à l'Iranien lors des demi-finales de l'année dernière.

L'autre groupe s'est retrouvé quelque peu dilué par l'absence du champion d'Asie 2019 et médaillé olympique de bronze à Rio Hyeonwoo KIM (KOR), qui a fait l'impasse sur ses trois combats pour une raison inconnue. Kim avait tenté, sans succès, d'obtenir une qualification pour les JO en 77kg la semaine dernière. 

La revanche a également souri à Tsuchika SHIMOYAMADA (JPN), et plus encore peut-être lorsqu'il affrontera Almat KEBISPAYEV (KAZ) en finale des 67kg. Le duo s'était affronté pour l'or de Bishkek il y a trois ans, avec une victoire de Kebispayev par 5-1.

En demi-finale, Shimoyamada a vaincu Hossein ASSADI KOLMATI (IRI) 3-2 grâce à un arraché arrière à 40 secondes de la fin, une revanche du 5-3 encaissé face à l'Iranien lors de leur combat pour la médaille de bronze l'année passée.

"C'est un adversaire difficile," admet Shimoyamada. "Au championnat d'Asie de Dehli il y a un an, j'avais perdu contre lui. Je suis heureux d'avoir gagné."

Au sujet de sa remontée sur ses deux points de retard, Shimoyamada a déclaré : "N'arrivant pas à inscrire de points, j'ai cru que je ne pourrai pas gagner. Mais il y a des miracles, parfois."

Kebispayev, médaillé mondial de bronze des 63kg, a inscrit un amené au sol et une mise en danger en contrôle de ceinture avant en première période sur Amantur ISMAILOV (KGZ), pour une victoire par 4-1.

En 60kg, Mehdi MOHSEN NEJAD (IRI aura la possibilité de faire mieux que sa médaille de bronze de l'année passée grâce à une victoire par supériorité technique 9-1 sur Ayata SUZUKI (JPN) -- le même résultat qu'aux mondiaux des U23 2019, d'où l'Iranien était reparti avec une médaille de bronze.

Il affrontera en finale Aidos SULTANGALI (KAZ), vainqueur par un ferme 7-2 de Karrar Abbas ALBEEDHAN (IRQ) dans l'autre demi-finale.

"Je suis arrivé ici avec l'objectif de remporter la médaille d'or du championnat d'Asie," a déclaré Mohsen Nejad. "J'ai la chance de me retrouver en finale, et maintenant je suis prêt."

Suzuki a provoqué une surprise lors des quarts de finale en écrasant par supériorité technique Islomojon BAKHRAMOV (UZB), champion en 2019 et autre médaillé de bronze de l'année dernière, 9-0 en deux projections à quatre points.

"Le niveau de la compétition était très bon et tous les lutteurs sont coriaces," a commenté Mohsen Nejad. "Le Japonais et l'Ouzbek ont offert un rude combat, puis je me suis retrouvé avec le Japonais, coriace lui aussi."

L'Iran, vainqueur de cinq médailles d'or mardi, aura la possibilité de faire encore mieux lorsque le champion d'Asie des juniors 2017 Mehdi BALIHAMZEHDEH (IRI) affrontera le médaillé d'argent d'Asie 2017 Seungjun KIM (KOR) en finale des 130kg.

En demi-finale, Balihamzehdeh est sorti victorieux de l'un des combats les plus alambiqués - et d'autant plus excitant -  de la compétition, qui l'opposait à Yerulan ISKAKOV (KAZ) pour une victoire 11-9 sur un amené au sol à une minute de la cloche après avoir gaspillé une avance de 9-4. Juste avant l'amené au sol, Iskakov avait réalisé une seconde projection à quatre points qui lui avait donné l'avance sur critères.

La victoire de Kim par 2-1 sur Beksultan MAKHMUDOV (KGZ) fut décidée sur un challenge infructueux, Kim tenant l'avantage sur critères après que chacun eut reçu un point pour passivité.

Résultats de lutte gréco-romaine, 2ème jour

Demi-finales

60kg (10 entrées)
Aidos SULTANGALI (KAZ) df. Karrar Abbas ALBEEDHAN (IRQ), 7-2
Mehdi MOHSEN NEJAD (IRI) df. Ayata SUZUKI (JPN) by TF, 9-1, 5:03

67kg (10 entrées)
Tsuchika SHIMOYAMADA (JPN) df. Hossein ASSADI KOLMATI (IRI), 3-2
Almat KEBISPAYEV (KAZ) df. Amantur ISMAILOV (KGZ), 4-1

72kg (9 entrées)
Hansu RYU (KOR) df. Muslihiddin UROQOV (TJK), 6-5
Ruslan TSAREV (KGZ) df. Amin KAVIYANINEJAD (IRI), 3-1

82kg (7 entrées)
Jalgasbay BERDIMURATOV (UZB) df. Satoki MUKAI (JPN), 3-2
Kalidin ASYKEEV (KGZ) df. Yevgeniy POLIVADOV (KAZ), 7-3

97kg (9 entrées)
Mehdi BALIHAMZEHDEH (IRI) df. Yerulan ISKAKOV (KAZ), 11-9
Seungjun KIM (KOR) df. Beksultan MAKHMUDOV (KGZ), 2-1

Japon

Un Pakistanais de souche vise à faire revivre l'illustre héritage familial via le Japon

By Ken Marantz

TOKYO, Japon (21 mars) --  La quête a commencé à partir d'un lien formé il y a plus d'un demi-siècle lors d'un match professionnel de lutte et signifiait quitter le confort de la maison et parcourir 6000 kilomètres vers un pays dont il ne parlait pas la langue, pour s'entraîner dans un sport qu'il n'avait jamais pratiqué.

Mais quand Haroon ABID (PAK) a accepté le défi de déménager au Japon alors qu'il n'était qu'un adolescent pour devenir un lutteur, il n'agissait pas dans son propre intérêt. Il s'agissait d'une mission pour faire revivre un héritage familial dans un sport vieux de plusieurs siècle.

"La raison pour laquelle je suis venu au Japon était de retrouver le nom des membres de ma famille car nous avions une longue histoire," a dit Abid dans une récente interview dans la salle de lutte  de la grande Université Nippon Sports Science University, où il termine sa dernière année et où il a connu un succès remarquable malgré ses débuts tardifs dans la lutte.

"Mais c'est vieux, les gens ont oublié cela. Alors je veux être la clé pour que les gens se souviennent encore de nous."

Durant ses quatre années à la NSSU (appelée localement "Nittaidai") de 2018 à 2021, Abid a terminé second ou troisième chaque année à l'un des deux championnats nationaux collégiaux en lutte libre 97kg et 125kg. Il s'est même essayé à la gréco-romaine, terminant deuxième en 97kg en 2019.

"En termes d'aptitudes naturelles, il a ce qu'il faut," a dit l'entraîneur en chef de la NSSU Shingo MATSUMOTO, qui a remporté neuf titres nationaux consécutifs en gréco de 1999 à 2007. "S'il ne l'avait pas fait, il n'aurait pas réussi ce qu'il a fait. Il était dans un environnement d'entraînement japonais et cela a conduit à ses progrès au lycée et à l'université."

Aussi louables que soient ses exploits, pour ce jeune de 22 ans originaire de Lahore, la voie ultime pour redonner à la famille sa notoriété est de se rendre aux Jeux Olympiques, et idéalement de remporter une médaille. Le Pakistan n'a pas participé en lutte aux Jeux Olympiques depuis 1996, et sa seule médaille a été remportée en 1960.

ABIDHaroon ABID (PAK) participe à un plaquage contre Aiaal LAZAREV (KGZ) dans le tour de repêchage des qualificatifs olympiques asiatiques en 125kg. (Photo: UWW)

Abid avait une chance de participer aux Jeux Olympiques de Tokyo l'année dernière mais les circonstances liées à la pandémie l'ont laissé moins bien préparé. il a également accepté de céder la place du Pakistan en 97kg pour les qualificatifs asiatiques à son coéquipier vétéran Muhammad IMAM (PAK) et a concouru en 125kg à la place. Il est redescendu en 97kg pour les qualifications olympiques mondiales plus difficiles mais a perdu son premier match.

"Je n'étais pas correctement entraîné pour ceux-là," a dit Abid. "En raison du corona [COVID-19] et tout le reste, l'entraînement était fermé à Nittaidai. Nous n'étions pas autorisés à sortir de nos dortoirs, donc nous étions coincés dans nos chambres. Je n'ai donc pas eu beaucoup de temps."

"Les Jeux Olympiques ne sont pas un petit rêve, beaucoup de gens ont ce rêve en tête. Ce n'est pas si facile, vous ne vous entraînez pas pendant quelques mois pour ensuite y aller et participer. Je n'étais pas bien préparé, mais j'ai fais de mon mieux dans le temps qui m'était imparti."

Le temps passé au Pakistan avant les qualificatifs lui a également fait prendre du retard dans ses cours à la NSSU, et il ne sera pas diplômé avec sa classe à la fin du mois. Mais son chemin vers la qualification pour Paris 2024 est clair puisqu'il a récemment signé un accord le circuit de lutte professionnelle japonais Noah qui lui permettra de continuer à s'entraîner à plein temps à la NSSU, qui dispose d'un vaste campus avec des installations de premier ordre dans la banlieue de Yokohama, à 40 minutes en train et bus au sud-ouest de Tokyo.

"Je pense que c'est bien au début car là maintenant, ils m'ont donné la permission de faire de la lutte," a dit Abid. "Je n'ai pas besoin d'aller là-bas et m'entraîner. Je dois juste venir ici [à la NSSU]. Il s'agit plutôt d'un parrainage. Et ils m'ont donné la chance, si tu veux faire de la lutte professionnelle dans future, tu peux le faire. C'est mon choix. C'est vraiment gentil de leur part."

ABIDHaroon ABID (PAK) pose avec Narihiro TAKEDA, directeur de CyberFight, la société mère de Pro Wrestling Noah, pour annoncer la signature d'un contrat post-diplôme avec Noah. (Photo: ©Noah) 

La chance d'une vie

Rien n'aurait pu préparé Abid à la chance de sa vie qui s'est présentée à lui à l'âge de 14 ans.

Elève assidu à la prestigieuse école Bloomfield Hall School de Lahore, il envisageait une carrière dans les affaires et peut-être de suivre son père dans le domaine du change et de l'immobilier.

Au lieu de cela, sa carrière s'est orientée vers celle de ses vénérés ancêtres..

Abid a grandi en entendant les récits de son arrière grand-père Imam BAKSH, un grand champion et frère de Gulam BAKSH, qui a gagné le titre de "The Great Gama." Tous deux étaient des superstars invaincues au début du 20ème siècle, qui ont battu tous les adversaires tant à domicile qu'à l'étranger dans des matchs disputés sur le sable. Ils ont quitté l'Inde pour le Pakistan après la partition de 1947.

"Ca s'appelle lutte pro mais c'était la lutte actuelle," a dit Abid. "Il n'était pas décidé qui allait gagné ou perdre. Le plus fort va gagner. Donc ils se sont entraînés très dur pour ça."

Imam Baksh a eu cinq fils qui ont perpétué la tradition familiale de lutte dans la génération suivante. L'un d'entre eux disputerait un match qui allait changer le parcours d'un futur petit-fils d'un de ses frères.

Dans les années 70, la lutte pro était florissante au Japon et la plus grande star était Antonio INOKI, un géant à la mâchoir saillante qui deviendra plus tard mondialement célèbre pour un match spécial sur le ring contre la légende de la boxe Mohammad ALI.

En 1976, Inoki a combattu et gagné un match aux règles spéciales contre le grand-oncle d'Abid, Akram PAHALWAN, dont les jours de gloire étaient déjà bien derrière lui. L'adolescent Zubair JHARA, l'oncle d'Abid, assiste à ce match et jure de se venger de cette défaite. Trois ans plus tard, c'est ce qu'il fit lors d'un match au Pakistan.

InokiHaroon ABID (PAK), à droite, avec le grand lutteur pro japonais Antonio INOKI, assis, et le père d'Abid.

Quatre décennies plus tard, Inoki, qui a rempli plusieurs mandats à la Japanese Diet tout en poursuivant sa carrière de lutteur professionnel, se rend au Pakistan pour promouvoir un festival d'amitié sportive.

Là-bas, il décide de rechercher son vieil ami et rival Jhara. Lorsqu'il apprend que cette famille de lutteurs emblématiques n'a plus personne dans ce sport depuis près de trois décennies, Inoki fait une offre généreuse : il prendrait en charge les frais d'un membre de la famille pour qu'il vienne au Japon pour suivre une formation et devenir lutteur.

Mais qui serait-ce ?

Abid était athlétique, mais n'avait qu'une exposition limitée aux sports, principalement dans les sports d'équipe comme le cricket, le basket-ball et le football. Il n'avait jamais pris part à un sport de combat, quel qu'il soit.

"Je savais que ma famille avait un passé dans la lutte, mais tout était fini, donc je ne faisais pas beaucoup de sport à cette époque," a dit Abid . "Je ne faisais qu'étudier et tout ça."

"Je m'intéressais à la lutte parce que j'avais un passé dans la lutte, mais autour de moi, aucun des membres de notre famille ne la pratiquait. J'avais l'habitude de regarder WWE et de regarder la lutte olympique aussi. Mais je ne faisais rien."

Et pourtant, il est devenu l'élu.

"il a demandé à quelqu'un de rencontrer un membre de la famille et je ne sais pas pourquoi, il m'a choisi," a dit Abid. "Je ne peux pas dire pourquoi moi ? Parce que je ne faisais pas de sport à cette époque là. Pas de gym, pas de sport, rien. J'étais juste un adolescent normal. Je suis si reconnaissant qu'il m'ait choisi, mais je ne sais pas pour quelle raison."

Abid n'a pas été pressé pour prendre sa décision et s'est rendu au Japon pour voir à quoi cela ressemblait. Il avait prévu d'étudier à l'étranger de toute façon, donc être loin de chez lui n'était pas un problème. Son père, qui avait déjà lutter mais jamais à haut niveau, était favorable à son départ mais avec une réserve.

"Il a dit , 'Si tu t'engages, tu dois y aller à fond. Ce n'est pas comme si tu pouvais faire la moitié du chemin puis partir. Ce n'est pas comme ça,'" a dit Abid . "J'y ai donc réfléchi et j'ai vu que ma famille était heureuse, alors j'ai pensé que je devais essayer pour cette raison. J'ai une passion, aussi, que je voulais faire ça."

ABIDHaroon ABID (PAK) a le dessus dans le match des 120kg de la finale par équipe des championnats nationaux sur invitation des lycées en mars 2017, aidant Nittadai Kashiwa à remporter le titre. (Photo: Japan Wrestling Federation)

Nouvelle Vie au Japon

Bien qu'il soit venu au Japon pour commencer une carrière de lutteur. Abid a en fait passé sa première année à apprendre le judo à la place.

Inoki avait un lien avec la Nippon Sports Science University, et il a donc été convenu qu'il irait dans l'un de ses lycées affiliés, Nittaidai Ebara à Tokyo. Le seul problème était qu'il n'y avait pas d'équipe de lutte. Il a donc appris le judo tout en subissant des chocs culturels, dont sa première expérience de vie dans un dortoir.

"L'endroit où je logeais dans mon école quand je suis arrivé, il y avait genre huit personnes par chambre", a-t-il dit. "Et nous utilisions la même salle de bain... J'ai dû attendre le dernier membre passe pour prendre une douche. Je me demandais dans quoi je m'étais embarqué. Mais c'était bien, c'était une bonne expérience. C'est bien d'avoir de nouveaux amis."

l a également pris goût à ce nouveau sport, à tel point que lorsqu'un autre lycée affilié à Nittaidai à Kashiwa, dans la préfecture de Chiba, au nord-est de Tokyo, a créé une équipe de lutte, l'entraîneur d'Ebara a essayé de le convaincre de rester.

"Le judo était aussi une très bonne expérience. Mon entraîneur à ce moment-là, Kokubo-sensei, m'a dit cela tu peux rester avec nous. Nous te donnerons toutes les dépenses. A l'époque, Inoki-san me soutenait. il a dit que je pouvais le quitter et nous te soutiendrons si tu veux faire du judo. Et il avait l'habitude de me dire que le judo était plus connu au Japon.

"Mais j'étais venu ici pour la lutte, alors j'ai dû me déplacer."

Abid se souvient que sa première impression du Japon était qu'il n'était pas du tout ce qu'il avait imaginé. Issu d'une famille de la classe moyenne supérieure du Pakistan, il ne s'attendait pas à ce qu'une ville tentaculaire comme Tokyo soit aussi compacte.

"Le Japon est un endroit tellement connu, alors je pensais qu'il y aurait de grandes maisons. Mais quand je suis arrivé, ils dormaient sur le sol, ils étaient tellement humbles. Je me suis dit, bon sang, c'est tout le contraire de ce que je pensais que serait le Japon."

"Maintenant, je me suis habitué, mais c'était complètement différent de ce que j'avais imaginé. Il y avait de grands buildings mais je pensais qu'il y aurait des robots et tout. [Et] tout le monde utilise le train au Japon, donc vous ne pouvez pas juger qui est riche ou pauvre. C'est ce qu'il y a de bien au Japon."

Pour sa deuxième année de lycée, Abid a déménagé à Kashiwa, où les installations étaient plus récentes et où les dortoirs ne comptaient que quatre personnes par chambre. L'école, axée sur le sport, comptait également plus d'étudiants étrangers, ce qui a facilité son adaptation.

"C'était une bonne école," a-t-il dit. "C'était propre ; Ebara était propre aussi, mais Kashiwa avait des lits neufs et tout ça, donc c'était un bon endroit pour étudier. La compétition était très bonne, aussi."

Abid a déclaré qu'il lui a fallu six ou sept mois pour atteindre un niveau de japonais, ce qui devenait une nécessité à un certain égard.

"Pour moi, je suis un Musulman, donc je ne peux pas manger de porc et je dois le dire aux gens, je ne peux pas manger ceci, je ne peux pas manger cela, donc il fallait que j'apprenne vraiment vite. C'est la raison pour laquelle j'ai appris le japonais très vite."

Il a également fait de rapides progrès en lutte. À sa deuxième année dans ce sport, il a terminé troisième en 120 kg aux championnats nationaux sur invitation des écoles secondaires et au tournoi Inter-Lycées, qui comptaient tous deux plus de 45 participants dans sa catégorie de poids. Pour faire bonne mesure, il a remporté la médaille d'argent en gréco 120 kg dans la division des écoles secondaires aux Jeux nationaux.

Abid attribue son succès à plus que de bons gènes. "J'avais un très bon partenaire", dit-il. "Il était originaire de Mongolie, et il était aussi en 125 kg. Je me suis donc habitué à m'entraîner avec des gars lourds. C'était vraiment un point positif pour moi. Et ce gars était fort aussi, il était aussi champion inter-lycées. J'avais donc confiance de m'entraîner avec lui et de marquer des points. C'est pourquoi je l'ai pu [faire de bons résultats]

Dans ces trois tournois, il a été battu par Yuri NAKAZATO (JPN), qui deviendra son coéquipier à la NSSU et qui, en décembre dernier, s'est classé deuxième au championnat senior All-Japon en gréco 97kg. Abid n'est pas éligible pour participer au All-Japan.

ABIDHaroon ABID (PAK) a pour objectif de se rendre à Paris 2024 et devenir le premier lutteur du Pakistan à participer aux Jeux Olympiques depuis 1996. (Photo: Japan Wrestling Federation)

Surmonter les nerfs

Le regard tourné vers Paris 2024, Abid est toujours en train de chercher sa première victoire sur un adversaire non japonais en dehors du Japon.

En plus d'affronter des adversaires étrangers d'autres écoles au Japon, Abid s'apprêtait à affronter pour la première fois une compétition mondiale lors des championnats asiatiques juniors en 2018 à New Delhi.

Mais il n'a pas pu obtenir de visa pour entrer dans la patrie de ses ancêtres, et ses débuts internationaux ont été repoussés au même tournoi l'année suivante à Chonburi, Thailande.

A Chonburi, il a perdu son match d'ouverture en quart de finale en libre 97 kg contre Zyyamuhammet SAPAROV (TKM), puis le match pour la médaille de bronze contre Arslanbek TURDUBEKOV (KGZ).

En 2021, il a subi une succession de défaites au premier tour : contre Lkhagvagerel MUNKHTUR (MGL) au tour de qualification en 125 kg lors des qualifications olympiques d'Asie (suivie d'une défaite au repêchage contre Aiaal LAZAREV (KGZ)) ; contre Minwon SEO (KOR) en 97 kg lors des Championnats d'Asie ; et contre Timofei XENIDIS (GRE) en 97 kg lors des qualifications  olympiques mondiales.

"Il s'est constamment amélioré," a déclaré l'entraîneur de la NSSU, Matsumoto. "Pendant la pandémie, il n'a pas pu quitter le Pakistan pendant une longue période lors des qualifications pour les Jeux Olympiques de Tokyo. S'il est dans un environnement où il peut continuellement s'entraîner et se préparer, il deviendra plus fort et se tournera vers la prochaine compétition."

Il ne fait aucun doute que la pandémie a eu un effet en freinant sa préparation. Mais il y a une autre raison à son manque de succès, ainsi qu'à son incapacité à remporter un titre universitaire majeur à la NSSU. Certes, il est monté sur de nombreux podiums, mais, à l'exception d'une victoire au tournoi de printemps des nouveaux arrivants lors de sa première année, il n'est jamais monté sur la plus haute marche.

Pour Abid, qui a déclaré que son prochain tournoi sera probablement les Jeux asiatiques en Chine en septembre, chaque match est autant une bataille contre les nerfs que contre l'adversaire.

"Durant les matchs, je ne suis pas aussi bon qu'à l'entraînement," a-t-il déclaré. "Je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas dire que j'en suis encore au début, cela fait sept ans que je lutte. Mais j'ai besoin de plus de compétitions pour pouvoir gagner en confiance."

Revenant sur sa première sortie internationale en Thaïlande, il a déclaré : "J'étais bien préparé, mais la pression était immense. Ce n'était pas moi sur le tapis. Je ne pouvais pas bouger correctement comme je le faisais à l'entraînement parce que c'était mon premier match international.

"Ma famille me regardait et il y avait toute sorte de gens autour de moi. Je n'avais pas peur mais j'étais un peu sous pression. J'aurais pu obtenir une médaille à ce tournoi, mais après ce match, je me suis dit que je devais vraiment travailler dur."

ABIDHaroon ABID (PAK) a eu du succès en Gréco-romaine au Japon. Ici, il affronte Bakhdaulet ALMENTAY (KAZ) de l'universitéYamanashi Gakuin lors de la finale en 97kg des championnats nationaux collégiaux en octobre 2019. (Photo: Japan Wrestling Federation)

Abid cite deux matchs qui, selon lui, ont contribué à renforcer sa confiance. Ironiquement, les deux matchs étaient en gréco, ce qu'il a décidé de pratiquer parce que cela lui donnait une chance de participer à plus de tournois. C'est la façon dont il a tenu tête aux attentes qui rend ces rencontres --- l'une d'entre elles était même une défaite --- si significatives

Retour 2019, Abid a atteint la finale des championnats nationaux collégiaux de gréco avec une victoire en demi-finale sur Takashi ISHIGURO (JPN), qui a remporté l'année dernière le titre national senior et a été médaillé de bronze asiatique en libre 97kg.

"Tout le monde me disait il est fort et je l'ai battu," a déclaré Abid. "Et il y avait une bonne différence de points [6-0], donc ce match m'a vraiment donné un coup de pouce.

En finale, il s'est incliné face à Bakhdaulet ALMENTAY (KAZ), qui est resté invaincu dans sa carrière à l'université rivale de Yamanashi Gakuin. Almentay a également battu Abid dans une finale de libre.

"Je ne l'ai pas battu, mais c'était un bon match entre nous, on ne pouvait pas dire qui gagnerait," a-t-il déclaré. "Même si c'était en gréco, quand je suis revenu du match, j'avais gagné cette confiance d'être parmi les meilleurs au Japon, et je pouvais être aussi bon."

C'est une attitude qui rendrait ses ancêtres fiers. Maintenant, il doit le prouver par des exploits sur le tapis, et il est déterminé à réaliser sa quête. En se rendant à Paris en 2024, il deviendrait le premier lutteur pakistanais à participer à des Jeux olympiques depuis Mohammad BHALA, qui a participé aux Jeux d'Atlanta en 1996 dans la catégorie des 90 kg en lutte libre.

La nation d'Asie du Sud-Est a remporté sa seule médaille olympique de lutte à Rome en 1960 avec le bronze de Mohamed BASHIR en lutte libre 73 kg, et elle n'a pas eu de médaillé mondial depuis ses deux bronzes de 1959.

"Je vais définitivement participer aux Jeux olympiques de Paris 2024", a déclaré Abid. "J'ai cette confiance en ce moment. C'est sûr, je vais participer à ce match. C'est sûr."