(Cet article est le troisième et dernier d'une série publiée sur le site de la Fédération japonaise de lutte. Traduction anglaise Ken Marantz.)
Un style dominé par les Européens
En comparaison avec les Etats-Unis et l'Asie, où la plupart des lutteurs débutent en lutte libre, les jeunes Européens ont plutôt tendance à se lancer dans la lutte gréco-romaine. Ceci est peut-être la raison pour laquelle des 196 médailles olympiques attribuées jusqu'ici dans cette discipline, 168 sont revenues à des Européens (170 si nous incluons les actuels pays d'Asie qui concouraient alors pour l'Union Soviétique).
Même ainsi, il aura fallu plus d’un siècle de Jeux Olympiques avant qu’un athlète de moins de vingt ans ne ramène une médaille d’or à la maison. C’est Islambek ALBIEV (RUS) qui brisa le mur lors des JO de Pékin de 2008, où il remporta l’or des 60kg à l’âge de 19 ans, 7 mois et 15 jours. Champion du monde en 2006, Albiev affermit sa légende en triomphant à la fois au championnat d’Europe et au championnat du monde l’année après les JO de Pékin.
A l’approche des JO de Tokyo, Albiev demeure à ce jour le seul athlète de moins de vingt ans à avoir obtenu une médaille d’or de lutte gréco-romaine. Cependant, ceci est peut-être plus le fruit d’un bon timing que de capacités pures, vu que les JO n’ont lieu que tous les quatre ans. Un lutteur qui a 16 ou 17 ans lors d’une année Olympique n’aura jamais la possibilité d’obtenir une médaille d’or avant qu’il n’ait vingt ans (au final, ce n’est pas si important qu’un athlète monte au sommet du podium à 19 ou 20 ans ; nous le mentionnons ici dans un but historique seulement).
Prenons le cas du légendaire Hamza YERLIKAYA (TUR), qui avait juste 17 ans, 3 mois et 16 jours lorsqu’il remporta le titre des 82kg au championnat du monde de 1993. Son triomphe aux JO d’Atlanta en 1996 survint 1 an et 18 jours après son vingtième anniversaire. Yerlikaya y ajoutera un second titre Olympique l’année 2000 et la couronne mondiale en 2005, avant de devenir un membre du parlement turc.
Le championnat du monde de 1987, tenu à Clermont-Ferrand, offrit un champion de lutte gréco-romaine de moins de vingt ans en la personne de Pedro Favier ROQUE (CUB), médaille d’or des 52kg à l’âge de 18 ans, 8 mois et 26 jours. Il aurait eu 19 ans pour les Jeux de Séoul l’année suivante, mais Cuba, sur la ligne définie par la Corée du Nord, ne prit pas part aux Jeux tenus au Sud de la péninsule.
En comparaison, la lutte libre a 8 champions olympiques de vingt ou moins de vingt ans, tandis que la lutte gréco-romaine en a la moitié, soit 4. Peut-être ceci démontre-t-il que la lutte gréco-romaine dépend plus de l’expérience accumulée.
En ce qui concerne les médaillés les plus âgés, les médias japonais et mondiaux avaient acclamé le couronnement d’un champion de quarante ans lors de JO de Munich de 1972. Anatoli ROSCHTSCHIN (URS) était âgé de 40 ans, 6 mois et 0 jour lorsqu’il remporta la couronne des plus de 100kg. Mais un champion plus âgé était monté sur la plus haute marche du podium avant l’époque des médias de masse. Lors des Jeux d’Anvers, en 1920, Adolf LINDFORS (FIN) était âgé de 41 ans, 6 mois et 12 jours lorsqu’il triompha de la catégorie de poids des plus de 84kg. Et ce fut mérité : il gagna ses cinq combats par tombé, sa victoire au second tour lui prit 23 minutes et 43 secondes, et celle en finale fut interminable, atteignant 47 minutes et 38 secondes (à l’époque, la durée des combats pouvait apparemment atteindre 50 minutes).
Comme en lutte libre, la majorité des champions de lutte gréco-romaine les plus âgés appartient à la catégorie haute des classes de poids. De tout le top 15, les seuls champions poids légers (68kg ou moins) furent couronnés avant le seconde guerre mondiale. Depuis la fin de la guerre, seuls 6 médaillés de trente ans ou plus sont montés sur la plus haute marche du podium en poids léger dont, tout récemment, Davor STEFANEK (SRB), vainqueur de la catégorie des 66kg aux Jeux de Rio en 2016 à l’âge de 30 ans, 11 mois et 4 jours.
D’ailleurs, le Japon peut s’enorgueillir de quatre champions olympiques de lutte gréco-romaine. Le plus jeune d’entre eux fut Masamitsu ICHIGUCHI (JPN), médaillé d’or des JO de Tokyo en 1964 en 57kg à l’âge de 24 ans, 9 mois et 7 jours, et le plus âgé Atsuji MIYAHARA (JPN), champion des 52kg aux JO de Los Angeles en 1984 à l’âge de 25 ans, 7 mois et 13 jours le jour de son couronnement.
Pour quelle raison parlé-je de ce sujet ? Si les Jeux de Tokyo s’étaient déroulés comme prévu cet été, l’actuel champion du monde des 60kg Kenichiro FUMITA (JPN) aurait pu battre le record du plus jeune champion olympique détenu par Ichiguchi en remportant l’or le 3 août prochain à l’âge de 24 ans, 7 mois et 16 jours. Mais avec les Jeux reportés d’une année, Fumita a la possibilité de devenir le Japonais le plus âgé ! La finale est provisoirement prévue pour le 2 août 2021. Fumita aura alors 25 ans, 7 mois et 15 jours, soit juste deux de plus que Miyahara lors de son couronnement.
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