#WrestleBudapest

L'Inde couronne deux champions à Budapest, la Russie rebondit

By Vinay Siwach

BUDAPEST, Hongrie (le 20 juillet) --- L'Inde a remporté deux médailles d'or et la Russie, les USA et l'Iran une ; cinq nouveaux champions du monde ont été couronné au championnat du monde des cadets de Budapest en Hongrie.

Aman GULIA (IND) s'est défait de Luke LILLEDAHL (USA) en finale des 48kg et Sagar JALGAN (IND) de James ROWLEY (USA) en 80kg. L'Inde domine ainsi la course par équipe.

Le deuxième jour du championnat a vu se dérouler les combats de médaille des 48, 55, 65, 80 et 110kg tandis que se décidaient également les finalistes des cinq catégories de poids restantes, celles des 45, 51, 60, 71 et 92kg. Ces finales auront lieu mercredi.

Cadet World Championships Budapest

Aman Gulia fut le premier champion de la journée, dominant le champion des panaméricains Lilledahl par 5-2 en finale des 48kg. L'Indien obtint le premier point sur passivité de son adversaire avant d'ajouter 2 points pour un amené au sol en pas de côté.

En seconde période, il lança un double ramassement de jambe mais Lilledalh se retira aussitôt, contrant par un amené au sol et réduisant ainsi l'écart à 3-2. Ses tentatives de reprendre la tête restèrent cependant vaines devant Aman résistant à plusieurs passages sous le bras. Une attaque en contre ajouta deux points pour Aman.

“J'ai travaillé très dur pour en arriver là,” a commenté Aman Gulia. “Je ne peux pas remercier assez mes coachs et j'aimerais leur demander de m'entraîner encore plus dur pour les niveaux junior et senior et, but ultime, les Jeux Olympiques.”

Dans la deuxième finale opposant l'Inde et les USA, en 80kg, Jaglan fut plus énergique que Rowley et remporta le combat par 4-0, quatre points inscrits sur des sorties de tapis alors que Rowley n'était que l'ombre de lui-même comparé à lundi ; il lui fut impossible de se faufiler dans la défense de Jaglan, impénétrable pendant les quatre minutes de la rencontre.

Meyer SHAPIRO USAMeyer SHAPIRO (USA) a remporté l'or des 65kg à Budapest (Photo : UWW / Martin Gabor)

Mais tout ne fut pas déception pour les USA, car Meyer SHAPIRO (USA) s'est emparé de l'or des 65kg grâce à une stupéfiante victoire sur Giorgi GOGRITCHIANI (GEO), obtenant un tombé après avoir épuisé son adversaire géorgien.

Gogritchiani menait en début de combat mais Shapiro, par une pression et des attaques constantes, minait constamment le Géorgien jusqu'à prendre la maîtrise du combat.

“Je n'avais aucun plan et avait l'esprit libre lorsque je luttais,” a commenté Shapiro. “Je voulais rester calme et avec encore une minute et trente secondes restantes, je savais que Girorgi ne tiendrait pas longtemps. J'ai su, à ce moment, que j'allais gagner le combat."

Shapiro, dans un rythme élevé, obtint deux amenés au sol ; Gogritchiani s'effondra et abandonna. “A mon premier amené au sol, j'étais lancé ; il restait 50 secondes.”

Le lutteur de 17 ans a inscrit sa plus grande victoire et a déclaré qu'il s'offrira une pause après deux mois d'un entraînement épuisant.

“C'est définitivement le plus grand tournoi que j'ai remporté, et particuièrement après être remonté au score. J'ai eu un grand tournoi. Je vais prendre un peu de distance, rentrer à la maison et me reposer.”

Amirreza Fardin MASOUMI VALADI (IRI)Amirreza MASOUMI VALADI (IRI) est devenu champion du monde des 110kg (Photo : UWW / Kadir Caliskan)

L'Iran est sortie du lot à Budapest lorsqu'Amirreza MASOUMI VALADI (IRI), fils de Fardin, double médaillé mondial et cinquième des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, est devenu le champion du monde des 110kg.

Opposé à James MULLEN (USA), Masoumi Valadi a inscrit deux projections à quatre points puis un contre pour deux points, mettant un terme au combat par 10-0 bien avant les quatre minutes réglementaires.

Mullen pressait Masoumi vers la zone de danger, mais ce dernier a pu le projeter une première fois. La seconde tentative vint du lutteur iranien pour quatre points de plus. Un Mullen désespéré tenta un bras à la volée mais échoua, donnant à l'Iranien la victoire.

La Russie a obtenu l'or des 55kg grâce à une victoire de Magomed BAITUKAEV (RUS) sur Abdinur NURLANBEK (KAZ) par 4-3 dans une finale très tendue, sur un challenge lancé et remporté par la Russie dans les dernières secondes.

Nulanbek défendait son avance en seconde période mais Baitukaev inscrivit un amené au sol tout d'abord non pris en compte, jusqu'après le challenge. Le Kazakh engrangea un point supplémentaire mais ce ne fut pas suffisant pour le titre.

“Je suis très heureux de cette médaille d'or. Mon adversaire était coriace. Mais quand je suis monté sur le tapis, je pensais à la victoire,” a déclaré Baitukaev.

La Russie rebondit

La Russie aura l'occasion d'accaparer une médaille supplémentaire ce mercredi, grâce à un rebond après des débuts hésitants ; elle aura trois lutteurs en finale au second jour des festivités.

De même pour l'Iran et l'Ouzbékistan, qui envoient chacune deux athlètes en finale. Les deux meilleures équipes de ce premier jour, l'Inde et les USA, n'en ont qu'un, et la Turquie occupera la dernière place disponible en finale.

La performance de la Russie mardi la remet dans la course par équipe, prenant la seconde place de l'Inde et se rapprochant des cinq finalistes américains sur les rangs.

Bowen William BASSETT (USA)Bowen BASSETT (USA) sera en finale des 45kg (Photo : UWW / Kadir Caliskan)

La Russie et les USA s'affronteront lors de la finale des 45kg mercredi. Alikhan ASHINOV (RUS) et Bowen BASSETT (USA) ont chacun dominé leur moitié de tableau respective avec pour perspective cette rencontre au sommet.

Bassett, tout juste âgé de 14 ans, a fait preuve d'une classe à part dans cette compétition, remportant ses deux premiers combats par tombé et la demi-finale par supériorité technique.

Son adversaire en demi-finale, Umidjon ISKANDAROV (UZB), avait réussi à inscrire deux points sur Bassett, mais il en a concédé 13 au jeune cadet américain.

Bassett, insensible au fait d'être le plus jeune lutteur sur le terrain, a déclaré qu'il devenait meilleur à chaque combat et qu'il avait toutes ses chances d'aller jusqu'au bout.

“Je ne laisse pas mon âge m'occuper l'esprit. J'essaye juste d'obtenir la supériorité technique sur tous les autres,” a déclaré Bassett. “Ma performance devenait meilleure à chaque fois. Pour le premier combat j'ai bien lutté et fait mon travail comme il le fallait, mais à chaque combat qui passe je fais mieux. Personne ne peut m'arrêter !”

Il affrontera en finale Ashinov, vainqueur d'Imronbek RAKHMANOV (KGZ) en demi-finale par 6-0. Les 6 points furent inscrits en première période.

Ashinov, natif de Kabardino-Balkarie, s'entraîne dans un village près de Nalchik. Il est enthousiasmé à l'idée d'affronter un lutteur américain en finale.

“Je sais que mon adversaire est un jeune Américain, mais je n'ai jamais vu son style de lutte avant,” a commenté Ashinov. “Mais je serai prêt.”

Bassett a partagé la même impression ; les USA et la Russie partagent, en lutte, une rivalité positive.

“Il [Ashinov] sera plutôt coriace,” a déclaré Bassett. “Je suis heureux de l'affronter en finale. Il y a une rivalité entre les USA et la Russie. Je suis enthousiaste. Ce sera un grand combat et je lui souhaite bonne chance.”

Akhmed Abdulaevitch MUSAEV (RUS)Akhmed MUSAEV (RUS) a vaincu JAIDEEP (IND) pour rejoindre la finale des 71kg à Budapest (Photo : UWW / Martin Gabor)

En 71kg, Akhmed MUSAEV (RUS) a obtenu sa place en finale par une victoire sur mise en danger lors de la demi-finale. Il rencontrera Seyedhassan Esmaeilnezhad Archi (IRI) en finale.

Luttant contre JAIDEEP (IND) en demi-finale, Musaev concéda deux sorties de tapis et était encore mené au score à 20 secondes de la cloche, à ce moment aux mains avec son adversaire. La Russie déposa un challenge et réclama deux points pour Musaev.

Le challenge fut remporté, et la victoire attribuée sur critères 2-2- au Russe. Musaev affrontera en finale Esmaeilnezhad Archi, vainqueur de Yerkhan BEXULTANOV (KAZ) 5-1 en demi-finale.

Zhorik DZHIOEV (RUS) fut le troisième Russe à composter son billet pour une finale, cette fois dans la catégorie des 92kg. Dominateur, Dzhioev a vaincu Gavin NELSON (USA) 8-0 en demi-finale.

"Je me suis bien battu aujourd'hui mais j'ignore ce qu'il en sera en finale,” a commenté Dzhioev, qui s'entraîne au club des Frères Taimazov en Ossétie. “Je n'ai pas vu le combat de mon adversaire, je vais essayer de me préparer comme s'il s'agissait de mon dernier combat.”

Il affrontera Rifat GIDAK (TUR) en finale. Le lutteur Turc fut lui aussi dominateur lors de sa demi-finale, remportée 6-0 sur Yusif DURSUNOV (AZE). Il n'a, de toute la compétition, concédé aucun point à ses adversaires, mais leur en a infligé 21.

L'Iran et l'Ouzbékistan seront en finale des 51kg, où Nodirbek JUMANAZAROV (UZB) et Ali KHORRAMDEL (IRI) se battront pour l'or de Budapest.

FS 51kg Jesuroga (USA) vs. Jumanazarov (UZB)Nodirbek JUMANAZAROV (UZB) est en quête de l'or des 51kg (Photo : UWW / Kadir Caliskan)

La première victime de Jumanazarov fut Nathanael JESUROGA (USA), éliminé 10-0, puis Tigran BUNIATYAN (ARM), vaincu 8-2 en demi-finale.

Khorramdel fut également dominateur cette journée, imfligeant 26 points à ses adversaires sans en concéder aucun lors de ses trois combats. Il affronta CHIRAG (IND) en demi-finale et obtint aisément un 6-0.

Le deuxième lutteur ouzbèque en finale est Kamronbek KADAMOV (UZB), vainqueur en 60kg de Jaskaran SINGH (IND).

Kadamov est médaillé d'argent du championnat du monde cadets de Sofia de 2019. Vainqueur de Baris UNSAL (TUR) par 9-0 en demi-finale, il se prépare à affronter Singh.

“Nous analyserons les vidéos de mon adversaire indien avec mes coachs,” a-t-il déclaré.

Singh, qui s'entraîne à Patiala au Punjab, a infligé 32 points à ses adversaires et en a concédé 4 sur le chemin de la finale. Avec une excellente défense et quelques attaques en ramassement de jambe simple parfaitement exécutées, il atteint les finales après une victoire 6-2 sur Abdulrahman IBRAHIMOV (AZE) 6-2 en demi-finale.

La lutte féminine sera sous les projecteurs mercredi. Le Japon, la Chine et le Canada, trois des meilleurs pays de lutte féminine, seront absents de la compétition pour cause de restrictions de voyage imposées par la pandémie de covid-19.

Sagar PodiumLes quatre médaillés de la catégorie de poids des 80kg à Budapest (Photo : UWW / Kadir Caliskan)

RESULTATS :

48kg
OR : Aman GULIA (IND) df Luke LILLEDAHL (USA), 5-2

BRONZE : Sargis BEGOYAN (ARM) df Rezo MARSAGISHVILI (GEO), par tombé
BRONZE : Nurdanat AITANOV (KAZ) df Akhmad MUSAKHADZHIEV (RUS), 7-2

55kg
OR :
Magomed BAITUKAEV (RUS) df. Abdinur NURLANBEK (KAZ), 4-3

BRONZE : Abdullah TOPRAK (TUR) df Shahdad KHOSRAVI MARDAKHEH (IRI), 5-2
BRONZE : Javid JAVADOV (AZE) df Vaibhav PATIL (IND), 7-5

65kg
OR :
Meyer SHAPIRO (USA) df Giorgi GOGRITCHIANI (GEO), par tombé

BRONZE : Ali REZAEIAGHOUZGELEH (IRI) df Dyanko DYANKOV (BUL), 10-0
BRONZE : Khabib ZAVURBEKOV (RUS) df Aghanazar NOVRUZOV (AZE), 10-2

80kg
OR :
Sagar JAGLAN (IND) df James ROWLEY (USA), 4-0

BRONZE : Tornike SAMKHARADZE (GEO) df Sattarkhan ALLAHVERDILI (AZE), 4-2
BRONZE : Mustafagadzhi MALACHDIBIROV (RUS) df Gabriele NICCOLINI (ITA), par tombé

110kg
OR :
Amirreza MASOUMI VALADI (IRI) df James MULLEN (USA), 10-0

BRONZE : Ilia ZHIBALOV (RUS) df Aynazar BAZARBAEV (UZB), 9-0
BRONZE : SAHIL (IND) df Alikhan KUSSAINOV (KAZ), via fall

Rifat Eren GIDAK (TUR)Rifat GIDAK (TUR), à gauche, est finaliste en 92kg (Photo : UWW / Martin Gabor)

RESULTATS / DEMI-FINALES

45kg
OR :
Alikhan ASHINOV (RUS) vs Bowen BASSETT (USA)

SF 1 : Bowen BASSETT (USA) df Umidjon ISKANDAROV (UZB), 13-2
SF 2 : Alikhan ASHINOV (RUS) df Imronbek RAKHMANOV (KGZ), 6-0

51kg
OR :
Nodirbek JUMANAZAROV (UZB) vs Ali KHORRAMDEL (IRI)

SF 1 : Ali KHORRAMDEL (IRI) df CHIRAG (IND), 6-0
SF 2 : Nodirbek JUMANAZAROV (UZB) df Tigran BUNIATYAN (ARM), 8-2

60kg
OR :
Jaskaran SINGH (IND) vs Kamronbek KADAMOV (UZB)

SF 1 : Jaskaran SINGH (IND) df Abdulrahman IBRAHIMOV (AZE), 6-2
SF 2 : Kamronbek KADAMOV (UZB) df Baris UNSAL (TUR), 9-0

71kg
OR :
Akhmed MUSAEV (RUS) vs Seyedhassan ESMAEILNEZHAD ARCHI (IRI)

SF 1 : Seyedhassan ESMAEILNEZHAD ARCHI (IRI) df Yerkhan BEXULTANOV (KAZ), 5-1
SF 2 : Akhmed MUSAEV (RUS) df JAIDEEP (IND), 2-2

92kg
OR :
Rifat GIDAK (TUR) vs Zhorik DZHIOEV (RUS)

SF 1 : Zhorik DZHIOEV (RUS) df Gavin NELSON (USA), 8-0
SF 2 : Rifat GIDAK (TUR) df Yusif DURSUNOV (AZE), 6-0

#JapanWrestling

L'ancienne star japonaise de lycée veut mettre les Samoa sur la carte de la lutte

By Ikuo Higuchi

(Note de la rédaction : le texte suivant est apparu sur le site internet de la Japan Wrestling Federation le 2 novembre. Il a été traduit et publié avec son autorisation.)

TOKYO -- Sur le calendrier japonais de la lutte, l'Open National non étudiant se situe bien en dessous du niveau des tournois majeurs tels que la Coupe de l'Empereur ou la Coupe Meiji, qui servent de qualificatifs pour les équipes mondiales et olympiques.

Il est donc rare de voir un futur membre de l'équipe olympique participer au tournoi. Pourtant, lors de l'évènement de cette année, qui se déroulait pour la première fois en 3 ans en raison de la pandémie, il y en avait un, bien que ce ne soit pas l'équipe japonaise que Gaku AKAZAWA souhaite intégrer pour les Jeux Olympiques Paris 2024.

Ancienne star de lycée, Akazawa a remporté le titre de lutte libre en 70kg en tant que membre d'une équipe de l'île du Pacifique nation de Samoa, qu'il espère représenter à Paris. 

Akazawa, âgé de 32 ans, dont la quête pour la gloire olympique comprenait un congé sabbatique de 4 ans en Russie, luttait dans son pays natal pour la première fois en trois ans à l'Open non étudiant qui s'est tenu du 29 au 30 octobre à Fujimi, Préfecture de Saitama, au nord de Tokyo.

Akazawa, qui n'a pas réussi à obtenir la nationalité samoane à temps pour les Jeux Olympiques de Tokyo, espère obtenir ses papiers à temps pour Paris. "Je n'ai jamais cessé de rêver de participer aux Jeux Olympiques," a-t-il déclaré. "Je ferai tous les efforts possibles pour devenir un olympien de Samoa."

JPNGaku Akazawa célèbre sa victoire en lutte libre 70kg pour l'équipe Samoa. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

La dernière compétition d'Akazawa au Japon remonte aux Championnats All-Japan de la Coupe de l'Empereur 2016. La victoire à Fujimi était sa première où que ce soit depuis qu'il a remporté le titre national inter-lycées en 66kg en 2008, ce qui a fait de lui le tout premier champion national du Lycée Hanasaki Tokuharu dans la Préfecture de Saitama.

Son entraîneur à Hanasaki Tokuharu, Takuya TAKASAKA, était présent pour voir l'ancien prodige montrer son esprit combatif avec des victoires difficiles sur plusieurs adversaires avec des pedigrees. En demi-finale, Akazawa a battu le champion collégiale national 2018 Hayato OGATA 8-2, puis s'est emparé du titre avec une victoire 6-2 sur Kantaro YAMAZAKI, qui avait remporté les titres de printemps et d'automne de la ligue collégiale de l'est du Japon en 2018.

"Cela faisait longtemps que je n'avais pas lutté au Japon, aussi je n'avais aucune idée du niveau auquel j'étais," a déclaré Akazawa. "J'étais nerveux. En remportant le titre, j'ai pu me faire une idée de mon niveau et, honnêtement, je suis réellement très content."

Interrogé sur l'origine de sa ténacité et de son endurance qui lui ont permis de rallier les victoires, il a répondu, "Tous les matins et tous les soirs, parfois trois fois par jour, je m'entraîne intensément. Je pense que cela s'est vu aujourd'hui."

A Samoa, la lutte est encore loin d'être populaire et, avec la pandémie qui a limité les activités, il y a seulement 10 lutteurs âgés de plus de 14 ans dans tout le pays. La majorité des compétiteurs sont encore débutants et  il ne peut pas s'entraîner de manière à aiguiser ses compétences. "Au lieu de cela, je pense que j'ai pu gagner grâce à ma force physique," a-t-il déclaré.

JPN1Akazawa, à droite, pose avec les compétiteurs des championnats nationaux Samoans dans la capitale Apia en août 2021, où il officiait en tant qu'arbitre. (Photo avec l'aimable autorisation de Gaku Akazawa)

Depuis la Russie, avec détermination

L'Open non-étudiant, comme son nom l'indique, s'adresse à tous ceux qui ne sont pas à l'école et attire un large éventail de lutteurs aux parcours variés, des anciens champions du lycée à ceux qui ont commencé ce sport après avoir quitté l'université pour garder la forme et peut-être s'entraîner le week-end dans un club local.

Mais pour Akazawa, cela représente un défi directement lié au fait de se rendre à Paris. "Je n'avais pas lutté au Japon depuis longtemps, donc je pense qu'il y avait des gens qui pensaient que j'avais pris ma retraite," a-t-il déclaré avec un sourire.

Akazawa, qui a remporté le titre national junior de lycée et le titre JOC olympique junior, est venu à l'Université de Nihon University après son succès de Inter-High School, mais n'a pas été en mesure de le réitérer au niveau collègial. Plombé par des blessures, le dossier de Akazawa dans la base de données du site internet de la Fédération japonaise de lutte, qui répertorie tous les résultats, ne comporte aucune entrée pour ses années à Nihon.

Il ne fera sa première apparition à la Coupe de l'Empereur (organisée en décembre) qu'en 2013, l'année où il a obtenu son diplôme de Nihon. Il s'est classé cinquième en 60 kg.

N'abandonnant jamais son rêve olympique, il choisit une voie qui le mène vers l'une des principales puissances du sport, la Russie. Il s'est rendu à Krasnoyarsk, la ville sibérienne bien connue au Japon pour avoir accueilli le prestigieux Grand Prix Ivan Yarygin, pour poursuivre sa carrière.

Il n'avait pas de sponsor. À l'expiration de son visa, il retournait au Japon, faisait quelques petits boulots pour économiser de l'argent, puis retournait à Krasnoïarsk. Il a enduré cette vie instable pendant quatre ans, de 2013 à 2017, tout cela à cause de son amour pour ce sport et de son désir de devenir un champion olympique.

Mais peu importe son entraînement dans un pays de lutte de haut niveau, une telle instabilité dans sa vie quotidienne rendait certainement difficile la concentration sur le sport. Il est retourné au Japon pour participer à la Coupe de l'Empereur et à la Coupe Meiji (les championnats sur invitation du Japon, qui ont lieu au printemps), mais il n'a pas réussi à monter sur le podium.

Les Jeux olympiques semblaient plus éloignés que jamais. Mais son rêve ne s'est jamais évanoui. Ce qui a attiré son attention, c'est qu'un de ses copains lutteurs russes, au lieu de concourir pour l'équipe russe , avait changé de nationalité et s'était rendu aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si une telle démarche est excessivement rare au Japon, elle n'est pas sans précédent. Un comédien mineur nommé Neko HIROSHI (neko signifie chat ; son vrai nom est Kuniaki TAKIZAKI) est devenu citoyen cambodgien pour pouvoir courir le marathon masculin aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si son geste a attiré l'attention en tant que célébrité, il a également dû faire face à des critiques car son meilleur temps n'aurait même pas fait partie de l'équipe féminine japonaise. Il a terminé à la 138e place à Rio, à 37 minutes du vainqueur, avec un temps qui l'aurait placé à la 85e place chez les femmes.

Akazawa, dont le cas est différent dans la mesure où il est déjà au niveau mondial, a commencé à réfléchir à la manière dont il pourrait changer de nationalité. Il s'est mis à penser aux pays où il serait le plus facile de se qualifier et a été attiré par l'Océanie. Un professeur d'anglais de l'époque où il était au collège a été envoyé à Samoa dans le cadre d'un programme de l'Agence japonaise de coopération internationale en tant qu'instructeur de judo, et Akazawa a pris contact avec lui.

C'est à partir de ce moment-là qu'il s'est installé à Samoa en juin 2017.

JPN3Maulo Willie ALOFIPO, ancien joueur de rugby, a accompagné Akazawa au Japon et a terminé second dans les deux styles. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Faire passer le message à Samoa

Jerry WALLWORK, Président de la Fédération de lutte samoane, croit en l'enthousiasme et le dévouement d'Akazawa et lui apporte son soutien. L'année suivante, Akazawa épouse une infirmière locale nommée Sinevalley. Il a demandé un changement de nationalité en vue des Jeux olympiques de Tokyo, mais il n'est pas arrivé à temps. "C'est difficile d'obtenir la nationalité samoane", a déclaré Akazawa.

Akazawa gagne actuellement sa vie en tant que propriétaire d'un salon de massage, et peut poursuivre sa carrière de lutteur grâce au soutien de la fédération. Pour l'Open non-étudiant, Samoa était sorti du confinement et Akazawa a dû rentrer au Japon pour une affaire de famille, il a donc décidé de profiter de l'occasion pour participer au tournoi et voir où il en était.

Il devait être accompagné de deux lutteurs samoans, qui ont participé aux tournois individuels dans les deux styles. Le trio devait également participer à l'épreuve par équipe. Cependant, le père d'un des lutteurs est tombé malade et n'a pas pu faire le voyage, et l'équipe Samoa a dû se retirer.

Le lutteur restant, Maulo Willie ALOFIPO, a tiré le meilleur parti de son voyage, remportant des médailles d'argent dans les deux styles en 97 kg et acquérant une précieuse expérience internationale. Ce jeune homme de 25 ans était à l'origine un joueur de rugby et ne pratique la lutte que depuis deux ans.

"Il y a des points communs entre le rugby et la lutte", a dit Akazawa à Alofipo en le recrutant pour cette dernière. "Tu peux le faire juste une fois par semaine si tu veux, mais pourquoi ne pas essayer ?".

Alofipo a progressivement commencé à consacrer plus de temps à la lutte. Il s'entraîne le matin avant de se rendre à son travail la journée dans une plantation de cacao, puis retourne sur le tapis pour une séance du soir.  Il a fait ses débuts sur la scène internationale en août de cette année, terminant cinquième en lutte libre 97 kg aux Jeux du Commonwealth de Birmingham, en Angleterre.

Quant à sa deuxième place au tournoi du Japon, il a déclaré : "Je suis vraiment heureux. Le Japon est un pays de très haut niveau. C'est un plaisir de pouvoir se battre ici".

Interrogé sur son objectif à partir de maintenant, il a répondu : "Les Jeux olympiques".

Akazawa et Alofipo sont restés au Japon après le tournoi et prévoient d'y rester jusqu'à fin décembre. Akazawa a déclaré qu'ils s'entraîneront dans ses écoles d'origine, la Hanasaki Tokuharu High School et la Nihon University.

Bien que sa victoire lui ait valu une place à la Coupe de l'Empereur en décembre, Akazawa n'y a pas participé. Sa dernière incursion visait à tester son niveau actuel et, se considérant désormais comme un "Samoan", il a déclaré qu'il ne pouvait plus prétendre au titre de numéro un au Japon.

 JPN3Akazawa enregistre un tombé au deuxième tour des Championnats nationaux non-étudiants. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Construire une nouvelle puissance

Lorsqu'il a décidé dans quel lycée il irait, Akazawa a contourné les puissances de l'époque pour Hanasaki Tokuharu, qui était pratiquement inconnu dans le milieu de la lutte. "Plutôt que de me renforcer dans une équipe forte, je voulais aller dans une école sans nom et battre les puissances les unes après les autres", a-t-il déclaré à l'époque.

Et c'est à peu près ce qu'il a fait. Lors de sa troisième année en 2008, il a aidé Hanasaki Tokuharu à mettre fin au règne de 14 ans du lycée Kasumigaura de la préfecture d'Ibaraki lors du championnat des lycées du Kanto (le Kanto est la région du Japon qui comprend Tokyo et ses environs).

Kasumigaura prendra sa revanche plus tard lors de la finale par équipe des championnats inter-lycées, mais dans ce match, Akazawa a battu le champion national en titre (sur la photo du haut). Il s'est fait un nom et a aidé à lancer une nouvelle puissance sur la scène, quatre ans seulement après sa fondation.

L'énergie et l'enthousiasme qu'Akazawa ressent aujourd'hui à Samoa sont incroyablement similaires à "cette époque". Les Samoa bénéficient d'un climat chaud toute l'année, avec des températures moyennes de 23°C et de 31°C. La salle de lutte est une installation en plein air avec un toit, un peu comme dans le Japon d'une autre époque où chaque ville avait un ring de sumo extérieur situé à côté du sanctuaire local.

Alors que les salles de sport au Japon sont désormais climatisées, c'est un monde de différence à Samoa. "Chaque jour, je m'entraîne trempé de sueur", a déclaré Akazawa.

Le rugby est toujours roi à Samoa, et essayer d'augmenter la participation dans d'autres sports n'est pas une tâche facile. Mais des progrès ont été réalisés, puisque les Samoa ont été représentées aux Jeux olympiques en judo. Dans la lutte, la seule participation olympique de l'histoire du pays a eu lieu aux Jeux de Sydney en 2000, lorsque Faafatai IUTANA s'est qualifié dans la catégorie gréco-romaine des 76 kg. Les Samoa ont eu un bon nombre de médaillés d'or aux championnats d'Océanie, mais aucun depuis 2011. Le potentiel est donc là.

La réalisation de son propre rêve olympique sera un lien pour le développement de la lutte à Samoa. Pour l'instant, alors qu'il attend de savoir s'il obtiendra la citoyenneté, Akazawa continuera à concentrer tous ses efforts pour Paris. La plupart de ses coéquipiers du lycée ont depuis longtemps quitté le tapis et ont suivi la voie de l'entraînement. Mais au moins l'un des membres de la "promotion 2008" a toujours une passion brûlante pour les Jeux olympiques.

-- Traduction anglaise par Ken Marantz