L'Hebdo !

L'Hebdo du 20 août !

By Eric Olanowski

En revue, les huit médailles d'or des Japonaises aux mondiaux juniors et le troisième titre consécutif de Kamal, les ultimes éliminatoires russes, Dake qui soumet Dieringer et le compte à rebours du championnat du monde.

1. Huit médailles mondiales d'or sur dix pour les lutteuses japonaises
L'équipe féminine japonaise a remporté toutes ses finales la semaine passée, s'arrogeant huit des dix titres à prendre au championnat du monde junior 2019 de Tallinn, la capitale de l'Estonie. Agrémentées de deux médailles de bronze, les lutteuses japonaises décrochent un total de dix médailles et finissent en première place du tournoi avec 230 points. La Russie est deuxième avec 115 points et l'Ukraine troisième avec 91 - à 139 points du Japon.

L'équipe japonaise était menée par les deux doubles championnes du monde senior Yui SUSAKI (50kg) et Haruno OKUNO (53kg). 

Susaki a conservé son titre grâce à une victoire par 10-0 sur la médaillée mondiale de bronze cadet 2016 Daria KHVOSTOVA (RUS) en finale des 50kg.

Il s'agit pour Susaki de son septième titre mondial en tout depuis sa première participation à un championnat du monde en 2014. À la question de savoir où elle situe ce titre dans son tableau, Susaki répond : “Mon but ultime est une médaille olympique. Je ferai de mon mieux et m'entraîne pour cela.” 

Susaki a élevé son score aux championnats du monde à 31-0 -- dont 29 victoires en ne concédant aucun point à son adversaire et pour un total de 290 points à 6 sur les chemins des podiums.

Selon ses propres mots, elle est persuadée que ses réussites viennent "de sa force et de son mental."

Haruno OKUNO est l'une des huit lutteuses japonaises mondialement titrées la semaine dernière. (Photo : Kadir Caliskan)

L'autre double championne du monde senior titrée la semaine dernière est Haruno Okuno, en 53kg. 

Okuno a déclaré qu'elle conservait chacune de ses ceintures mondiales dans la maison de ses parents. Il y en a désormais cinq, après autant d'essais. Elle obtient son premier titre mondial junior après s'être défaite d'Anudari NANDINTSETSEG (MGL) par 7-2 en finale des 53kg.

En la regardant mener ses quatre combats, lors desquels elle a vaincu ses adversaires 35-2 en tout, rien ne transparaît de l'extrême douleur qu'elle ressentait à la nuque du côté droit. Après sa finale, elle a parlé de devoir travailler ses contre-offensives à cause de ses douleurs. "J'ai mal à la nuque, donc je n'ai pas essayé [de plaquer]. Dans ce combat, les contre-attaques ont bien marché.” 

Calme et stoïque dans sa finale, Okuno a rapidement lancé une attaque en position basse, récoltant deux points avant de lancer une contre-offensive sur une attaque de Nandintsetseg en recourant à une tirade de bras toute en fluidité et enchaîner sur un ramassement de jambe extérieur pour quatre points de plus. Elle a ensuite concédé ses deux seuls points du tournoi (pour passivité et sortie de tapis) mais récoltait un point pour brutalité après que son adversaire eût été avertie plusieurs fois pour des mains au visage. Okuno remporte son premier titre junior par une victoire 7-2.

Pour Okuno, “il n'y a pas de différence entre un titre junior ou un titre senior. C'est un championnat du monde et je suis toujours très heureuse de lutter contre des adversaires internationaux.” 

Médaillées japonaises : 
50kg - Yui SUSAKI (GOLD)
53kg - Haruna OKUNO (GOLD) 
55kg - Saki IGARASHI (BRONZE) 
57kg - Akie HANAI (GOLD)
59kg - Sae NANJO (GOLD)
62kg - Yuzuka INAGAKI (GOLD)
65kg - Miwa MORIKAWA (GOLD) 
69kg - Naruha MATSUYUKI (GOLD)
72kg - Yuka KAGAMI (GOLD)
76kg - Yasuha MATSUYUKI (BRONZE)

2. Kamal décroche un troisième titre mondial junior d'affilée
Kerem KAMAL (TUR) représentera la Turquie au championnat du monde de Nur-Sultan en septembre prochain. Il vient de remporter son troisième titre mondial junior d'affilée.

Kamal tenait trois doigts levés face à la foule après sa victoire sur Sahak HOVHANNISYAN (ARM) par 7-2 en finale des 60kg. “Je suis très heureux d'avoir remporté cette troisième médaille en catégorie junior. J'avais été trois fois en finale des cadets mais j'avais perdu à chaque fois,” a dit Kamal.  

Le lutteur turc était à la traîne après la première période, chose qu'il avait prévue. “Le plan du combat était d'être sain et sauf après la première période... la sécurité d'abord.” La seconde période fut essentielle : “En seconde période, j'y vais à fond.”  Dans les trois minutes finales, Kamal devint extrêmement rapide, étouffant Hovhannisyan par une ceinture en pont à droite suivie d'un levé à quatre points, atteignant les 7-1. Il concéda encore un point mais finit par porter le drapeau turc autour du tapis des mondiaux pour la troisième fois consécutive.

L'attention de
Kamal est maintenant tournée vers le championnat du monde senior où il représentera la Turquie dans la catégorie des 60kg. Sa quête d'un titre senior débutera le 16 septembre prochain. 

3. L'équipe russe de lutte libre parée 
Les ultimes éliminatoires pour l'équipe russe mondiale de lutte libre se sont déroulés le weekend dernier. Trois champions du monde seront à Nousoultan pour défendre leurs titres.

Une incertitude planait en effet sur la participation de Zaur UGUEV (57kg), Zaurbek SIDAKOV (74kg) et Abdulrashid SADULAEV (97kg).

En 57kg, le champion du monde en titre Zaur Uguev a été dispensé du championnat de Russie suite à sa médaille de bronze des Jeux Européens de Minsk.

Uguev a dû se défaire d'Arian TYUTRIN ​​​​pour rejoindre l'équipe de lutte libre. Des questions avaient été soulevées sur la santé d'Uguev avant le combat, mais il a clairement démontré qu'il était le meilleur lutteur de la catégorie des 57kg - du meilleur pays de lutte libre - par une victoire sans appel 10-0.

Dans les sélections des 74kg c'est le champion du monde en titre et médaillé d'or des Jeux Européens Zaurbek Sidakov, également dispensé de championnat de Russie, qui a obtenu une place grâce à une victoire de justesse sur le champion du monde 2016 Magomed KURBANALIEV 2-1. 

Le quadruple champion du monde et champion olympique Abdulrashid Sadulaev fut le dernier à assurer sa sélection. Le champion d'Europe et médaillé d'or des Jeux Européens a pulvérisé Vladislav BAITSAEV 10-0. 

La victoire de Sadualev laisse un espoir de vivre le remake de la rencontre entre les multiples champions du monde et champions olympiques Sadulaev, le blindé russe, et Snyder, dit Captain America, en finale des 97kg.

Équipe russe de lutte libre pour les mondiaux : 
56kg – Zaur UGUEV 
61kg – Magomedrasul IDRISOV 
65kg – Gadzhimurad  RASHIDOV 
70kg – David BAEV
74kg – Zaurbek SIDAKOV
79kg – Gadzhi  NAVIEV
86kg – Artur NAIFONOV
92kg – Alikhan  JABRAILOV
97kg – Abdulrashid SADULAEV 
125kg – Anzor KHIZRIEV 

4. Dake soumet Dieringer deux fois de suite et représentera les USA en 79kg 
Le champion du monde en titre de la catégorie des 79kg Kyle DAKE (USA) s'est remis de sa blessure pour vaincre Alex DIERINGER (USA) deux fois de suite et rejoindre pour la deuxième fois consécutive l'équipe des États-Unis pour les mondiaux. Une première victoire tactique par 3-2, suivie d'un résultat plus ouvert pour la seconde rencontre (4-1), lui ont donné son billet pour les mondiaux de Noursoultan.

Lors de ses début au championnat du monde l'année dernière, Dake avait assommé ses adversaires 37 à rien - jusqu'au titre. Après ses deux victoires sur Dieringer le weekend dernier, Dake se dirige désormais vers le Kazakhstan dans une catégorie légèrement allégée pour cause de modification des catégories de poids olympiques.

Équipe des USA de lutte libre pour les mondiaux : 
57kg - Daton FIX 
61kg - Tyler GRAFF

65kg - Yianni DIAKOMIHALIS / Zain RETHERFORD
70kg - James GREEN 
74kg - Jordan BURROUGHS 
79kg - Kyle DAKE 
86kg - Pat DOWNEY 
92kg - J'den COX 
97kg - Kyle SNYDER 
125kg - Nick
GWIAZDOWSKI 

5. Lancement du compte à rebours pour les mondiaux de Nousoultan
Un mois nous sépare de l'ouverture du championnat du monde de Noursoultan, capitale du Kazakhstan, prévu au stade Barys de la ville d'Astana récemment renommée.

La pression est énorme cette année car les six meilleurs athlètes de chaque catégorie qualifieront leurs pays pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.

Le programme des mondiaux de cette année diffère fortement de ceux tenus à Budapest en 2018. La lutte gréco-romaine qui avait clôt les festivités l'année dernière les ouvrira le 14 septembre. La lutte féminine suivra le 17 et la lutte libre hommes clora le championnat, potentiellement couronné par la troisième rencontre des triples champions du monde et champions olympiques Abdulrashid Sadualev et Kyle Snyder en finale des 97kg. Le duo s'est partagé les derniers titres de cette catégorie : Paris pour Snyder et revanche de Sadulaev à Budapest par tombé en 70 secondes. 

Vous trouverez ici le PROGRAMME des mondiaux de Noursoultan (en anglais). 

#JapanWrestling

L'ancienne star japonaise de lycée veut mettre les Samoa sur la carte de la lutte

By Ikuo Higuchi

(Note de la rédaction : le texte suivant est apparu sur le site internet de la Japan Wrestling Federation le 2 novembre. Il a été traduit et publié avec son autorisation.)

TOKYO -- Sur le calendrier japonais de la lutte, l'Open National non étudiant se situe bien en dessous du niveau des tournois majeurs tels que la Coupe de l'Empereur ou la Coupe Meiji, qui servent de qualificatifs pour les équipes mondiales et olympiques.

Il est donc rare de voir un futur membre de l'équipe olympique participer au tournoi. Pourtant, lors de l'évènement de cette année, qui se déroulait pour la première fois en 3 ans en raison de la pandémie, il y en avait un, bien que ce ne soit pas l'équipe japonaise que Gaku AKAZAWA souhaite intégrer pour les Jeux Olympiques Paris 2024.

Ancienne star de lycée, Akazawa a remporté le titre de lutte libre en 70kg en tant que membre d'une équipe de l'île du Pacifique nation de Samoa, qu'il espère représenter à Paris. 

Akazawa, âgé de 32 ans, dont la quête pour la gloire olympique comprenait un congé sabbatique de 4 ans en Russie, luttait dans son pays natal pour la première fois en trois ans à l'Open non étudiant qui s'est tenu du 29 au 30 octobre à Fujimi, Préfecture de Saitama, au nord de Tokyo.

Akazawa, qui n'a pas réussi à obtenir la nationalité samoane à temps pour les Jeux Olympiques de Tokyo, espère obtenir ses papiers à temps pour Paris. "Je n'ai jamais cessé de rêver de participer aux Jeux Olympiques," a-t-il déclaré. "Je ferai tous les efforts possibles pour devenir un olympien de Samoa."

JPNGaku Akazawa célèbre sa victoire en lutte libre 70kg pour l'équipe Samoa. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

La dernière compétition d'Akazawa au Japon remonte aux Championnats All-Japan de la Coupe de l'Empereur 2016. La victoire à Fujimi était sa première où que ce soit depuis qu'il a remporté le titre national inter-lycées en 66kg en 2008, ce qui a fait de lui le tout premier champion national du Lycée Hanasaki Tokuharu dans la Préfecture de Saitama.

Son entraîneur à Hanasaki Tokuharu, Takuya TAKASAKA, était présent pour voir l'ancien prodige montrer son esprit combatif avec des victoires difficiles sur plusieurs adversaires avec des pedigrees. En demi-finale, Akazawa a battu le champion collégiale national 2018 Hayato OGATA 8-2, puis s'est emparé du titre avec une victoire 6-2 sur Kantaro YAMAZAKI, qui avait remporté les titres de printemps et d'automne de la ligue collégiale de l'est du Japon en 2018.

"Cela faisait longtemps que je n'avais pas lutté au Japon, aussi je n'avais aucune idée du niveau auquel j'étais," a déclaré Akazawa. "J'étais nerveux. En remportant le titre, j'ai pu me faire une idée de mon niveau et, honnêtement, je suis réellement très content."

Interrogé sur l'origine de sa ténacité et de son endurance qui lui ont permis de rallier les victoires, il a répondu, "Tous les matins et tous les soirs, parfois trois fois par jour, je m'entraîne intensément. Je pense que cela s'est vu aujourd'hui."

A Samoa, la lutte est encore loin d'être populaire et, avec la pandémie qui a limité les activités, il y a seulement 10 lutteurs âgés de plus de 14 ans dans tout le pays. La majorité des compétiteurs sont encore débutants et  il ne peut pas s'entraîner de manière à aiguiser ses compétences. "Au lieu de cela, je pense que j'ai pu gagner grâce à ma force physique," a-t-il déclaré.

JPN1Akazawa, à droite, pose avec les compétiteurs des championnats nationaux Samoans dans la capitale Apia en août 2021, où il officiait en tant qu'arbitre. (Photo avec l'aimable autorisation de Gaku Akazawa)

Depuis la Russie, avec détermination

L'Open non-étudiant, comme son nom l'indique, s'adresse à tous ceux qui ne sont pas à l'école et attire un large éventail de lutteurs aux parcours variés, des anciens champions du lycée à ceux qui ont commencé ce sport après avoir quitté l'université pour garder la forme et peut-être s'entraîner le week-end dans un club local.

Mais pour Akazawa, cela représente un défi directement lié au fait de se rendre à Paris. "Je n'avais pas lutté au Japon depuis longtemps, donc je pense qu'il y avait des gens qui pensaient que j'avais pris ma retraite," a-t-il déclaré avec un sourire.

Akazawa, qui a remporté le titre national junior de lycée et le titre JOC olympique junior, est venu à l'Université de Nihon University après son succès de Inter-High School, mais n'a pas été en mesure de le réitérer au niveau collègial. Plombé par des blessures, le dossier de Akazawa dans la base de données du site internet de la Fédération japonaise de lutte, qui répertorie tous les résultats, ne comporte aucune entrée pour ses années à Nihon.

Il ne fera sa première apparition à la Coupe de l'Empereur (organisée en décembre) qu'en 2013, l'année où il a obtenu son diplôme de Nihon. Il s'est classé cinquième en 60 kg.

N'abandonnant jamais son rêve olympique, il choisit une voie qui le mène vers l'une des principales puissances du sport, la Russie. Il s'est rendu à Krasnoyarsk, la ville sibérienne bien connue au Japon pour avoir accueilli le prestigieux Grand Prix Ivan Yarygin, pour poursuivre sa carrière.

Il n'avait pas de sponsor. À l'expiration de son visa, il retournait au Japon, faisait quelques petits boulots pour économiser de l'argent, puis retournait à Krasnoïarsk. Il a enduré cette vie instable pendant quatre ans, de 2013 à 2017, tout cela à cause de son amour pour ce sport et de son désir de devenir un champion olympique.

Mais peu importe son entraînement dans un pays de lutte de haut niveau, une telle instabilité dans sa vie quotidienne rendait certainement difficile la concentration sur le sport. Il est retourné au Japon pour participer à la Coupe de l'Empereur et à la Coupe Meiji (les championnats sur invitation du Japon, qui ont lieu au printemps), mais il n'a pas réussi à monter sur le podium.

Les Jeux olympiques semblaient plus éloignés que jamais. Mais son rêve ne s'est jamais évanoui. Ce qui a attiré son attention, c'est qu'un de ses copains lutteurs russes, au lieu de concourir pour l'équipe russe , avait changé de nationalité et s'était rendu aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si une telle démarche est excessivement rare au Japon, elle n'est pas sans précédent. Un comédien mineur nommé Neko HIROSHI (neko signifie chat ; son vrai nom est Kuniaki TAKIZAKI) est devenu citoyen cambodgien pour pouvoir courir le marathon masculin aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si son geste a attiré l'attention en tant que célébrité, il a également dû faire face à des critiques car son meilleur temps n'aurait même pas fait partie de l'équipe féminine japonaise. Il a terminé à la 138e place à Rio, à 37 minutes du vainqueur, avec un temps qui l'aurait placé à la 85e place chez les femmes.

Akazawa, dont le cas est différent dans la mesure où il est déjà au niveau mondial, a commencé à réfléchir à la manière dont il pourrait changer de nationalité. Il s'est mis à penser aux pays où il serait le plus facile de se qualifier et a été attiré par l'Océanie. Un professeur d'anglais de l'époque où il était au collège a été envoyé à Samoa dans le cadre d'un programme de l'Agence japonaise de coopération internationale en tant qu'instructeur de judo, et Akazawa a pris contact avec lui.

C'est à partir de ce moment-là qu'il s'est installé à Samoa en juin 2017.

JPN3Maulo Willie ALOFIPO, ancien joueur de rugby, a accompagné Akazawa au Japon et a terminé second dans les deux styles. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Faire passer le message à Samoa

Jerry WALLWORK, Président de la Fédération de lutte samoane, croit en l'enthousiasme et le dévouement d'Akazawa et lui apporte son soutien. L'année suivante, Akazawa épouse une infirmière locale nommée Sinevalley. Il a demandé un changement de nationalité en vue des Jeux olympiques de Tokyo, mais il n'est pas arrivé à temps. "C'est difficile d'obtenir la nationalité samoane", a déclaré Akazawa.

Akazawa gagne actuellement sa vie en tant que propriétaire d'un salon de massage, et peut poursuivre sa carrière de lutteur grâce au soutien de la fédération. Pour l'Open non-étudiant, Samoa était sorti du confinement et Akazawa a dû rentrer au Japon pour une affaire de famille, il a donc décidé de profiter de l'occasion pour participer au tournoi et voir où il en était.

Il devait être accompagné de deux lutteurs samoans, qui ont participé aux tournois individuels dans les deux styles. Le trio devait également participer à l'épreuve par équipe. Cependant, le père d'un des lutteurs est tombé malade et n'a pas pu faire le voyage, et l'équipe Samoa a dû se retirer.

Le lutteur restant, Maulo Willie ALOFIPO, a tiré le meilleur parti de son voyage, remportant des médailles d'argent dans les deux styles en 97 kg et acquérant une précieuse expérience internationale. Ce jeune homme de 25 ans était à l'origine un joueur de rugby et ne pratique la lutte que depuis deux ans.

"Il y a des points communs entre le rugby et la lutte", a dit Akazawa à Alofipo en le recrutant pour cette dernière. "Tu peux le faire juste une fois par semaine si tu veux, mais pourquoi ne pas essayer ?".

Alofipo a progressivement commencé à consacrer plus de temps à la lutte. Il s'entraîne le matin avant de se rendre à son travail la journée dans une plantation de cacao, puis retourne sur le tapis pour une séance du soir.  Il a fait ses débuts sur la scène internationale en août de cette année, terminant cinquième en lutte libre 97 kg aux Jeux du Commonwealth de Birmingham, en Angleterre.

Quant à sa deuxième place au tournoi du Japon, il a déclaré : "Je suis vraiment heureux. Le Japon est un pays de très haut niveau. C'est un plaisir de pouvoir se battre ici".

Interrogé sur son objectif à partir de maintenant, il a répondu : "Les Jeux olympiques".

Akazawa et Alofipo sont restés au Japon après le tournoi et prévoient d'y rester jusqu'à fin décembre. Akazawa a déclaré qu'ils s'entraîneront dans ses écoles d'origine, la Hanasaki Tokuharu High School et la Nihon University.

Bien que sa victoire lui ait valu une place à la Coupe de l'Empereur en décembre, Akazawa n'y a pas participé. Sa dernière incursion visait à tester son niveau actuel et, se considérant désormais comme un "Samoan", il a déclaré qu'il ne pouvait plus prétendre au titre de numéro un au Japon.

 JPN3Akazawa enregistre un tombé au deuxième tour des Championnats nationaux non-étudiants. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Construire une nouvelle puissance

Lorsqu'il a décidé dans quel lycée il irait, Akazawa a contourné les puissances de l'époque pour Hanasaki Tokuharu, qui était pratiquement inconnu dans le milieu de la lutte. "Plutôt que de me renforcer dans une équipe forte, je voulais aller dans une école sans nom et battre les puissances les unes après les autres", a-t-il déclaré à l'époque.

Et c'est à peu près ce qu'il a fait. Lors de sa troisième année en 2008, il a aidé Hanasaki Tokuharu à mettre fin au règne de 14 ans du lycée Kasumigaura de la préfecture d'Ibaraki lors du championnat des lycées du Kanto (le Kanto est la région du Japon qui comprend Tokyo et ses environs).

Kasumigaura prendra sa revanche plus tard lors de la finale par équipe des championnats inter-lycées, mais dans ce match, Akazawa a battu le champion national en titre (sur la photo du haut). Il s'est fait un nom et a aidé à lancer une nouvelle puissance sur la scène, quatre ans seulement après sa fondation.

L'énergie et l'enthousiasme qu'Akazawa ressent aujourd'hui à Samoa sont incroyablement similaires à "cette époque". Les Samoa bénéficient d'un climat chaud toute l'année, avec des températures moyennes de 23°C et de 31°C. La salle de lutte est une installation en plein air avec un toit, un peu comme dans le Japon d'une autre époque où chaque ville avait un ring de sumo extérieur situé à côté du sanctuaire local.

Alors que les salles de sport au Japon sont désormais climatisées, c'est un monde de différence à Samoa. "Chaque jour, je m'entraîne trempé de sueur", a déclaré Akazawa.

Le rugby est toujours roi à Samoa, et essayer d'augmenter la participation dans d'autres sports n'est pas une tâche facile. Mais des progrès ont été réalisés, puisque les Samoa ont été représentées aux Jeux olympiques en judo. Dans la lutte, la seule participation olympique de l'histoire du pays a eu lieu aux Jeux de Sydney en 2000, lorsque Faafatai IUTANA s'est qualifié dans la catégorie gréco-romaine des 76 kg. Les Samoa ont eu un bon nombre de médaillés d'or aux championnats d'Océanie, mais aucun depuis 2011. Le potentiel est donc là.

La réalisation de son propre rêve olympique sera un lien pour le développement de la lutte à Samoa. Pour l'instant, alors qu'il attend de savoir s'il obtiendra la citoyenneté, Akazawa continuera à concentrer tous ses efforts pour Paris. La plupart de ses coéquipiers du lycée ont depuis longtemps quitté le tapis et ont suivi la voie de l'entraînement. Mais au moins l'un des membres de la "promotion 2008" a toujours une passion brûlante pour les Jeux olympiques.

-- Traduction anglaise par Ken Marantz